Le FMI et la BCE essayent de convaincre les parlementaires allemands de la nécessité d'une aide d'urgence à la Grèce pour sauver l'euro. Athènes, dont la dette est désormais une des plus risquée au monde, pourrait avoir besoin finalement de 120 milliards d'euros sur trois ans.
Face à la menace d'un défaut de paiement de la Grèce qui ébranle la zone euro, les responsables européens et du Fonds monétaire international (FMI) tentaient hier de convaincre des marchés financiers sceptiques que l'aide d'urgence nécessaire serait versée rapidement et que les objections allemandes seraient « dissipées » sous peu. Alors qu'Athènes a demandé officiellement vendredi l'aide de l'Union européenne et du FMI dont le montant, régulièrement évoqué, aurait pu aller jusqu'à 45 milliards d'euros de prêts pour 2010, les besoins pourraient s'élever au final de 100 à 120 milliards sur trois ans selon des parlementaires allemands. Ces derniers citaient Dominique Strauss-Kahn, le patron du FMI, après une rencontre destinée à les convaincre de la nécessité absolue d'aider Athènes à éviter un défaut de paiement. Un événement sans précédent à l'époque moderne pour un pays européen. Un tel montant signifierait une contribution de l'Allemagne de 25 milliards d'euros jusqu'en 2013, selon un député allemand, dont un des collègues estimait que « les 45 milliards d'euros dont il était question jusqu'à présent ne sont que le début ».
Ces chiffres n'ont toutefois pas été confirmés hier par le directeur général du FMI, à l'issue d'une réunion à Berlin avec Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne, et Wolfgang Schäuble, le ministre des Finances allemand. Tous trois ont refusé de dévoiler les montants envisagés tant que les discussions avec Athènes, portant notamment sur de nouvelles mesures d'austérité imposées pour redresser les comptes du pays, n'auront pas abouti. A leurs yeux, c'est bien plus que le sort de la Grèce qui est en jeu mais bien la crédibilité de la zone euro. Les négociations s'annoncent toutefois serrées, car l'opinion publique grecque est, selon les sondages, opposée à la demande d'assistance au FMI et à l'Union européenne. Le ministre grec de l'Emploi, Andréas Loverdos, a d'ailleurs annoncé hier qu'il refusait les coupes salariales exigées pour redonner de la compétitivité à son pays. « Nous n'acceptons pas » de supprimer les 13 e et 14 e mois pratiqués jusqu'ici en Grèce, a notamment indiqué Andréas Loverdos.
De son côté, le Premier ministre français, François Fillon, a assuré que les pays de la zone euro « vont assumer toutes leurs responsabilités à l'égard de la Grèce », ajoutant devant les parlementaires que « les hésitations qui ont pu sembler être celles du gouvernement allemand vont être aujourd'hui même dissipées ». La chancelière allemande, Angela Merkel, s'est cependant bornée à appeler à une « accélération » des négociations en cours avec le gouvernement grec. Alors que le président de l'Union européenne, Herman Van Rompuy, confirmait vouloir convoquer un sommet des chefs d'Etat ou de gouvernement de la zone euro, sans doute le 10 mai, pour approuver le versement d'une aide d'urgence, Berlin faisait savoir qu'il discuterait au Parlement du projet de loi sur l'aide à la Grèce lundi prochain. Les débats s'annoncent houleux, puisqu'une majorité d'Allemands y est opposée. Un économiste allemand influent, Hans Werner Sinn, de l'institut de recherche économique Ifo, a d'ailleurs estimé hier qu'Athènes ne remboursera sans doute jamais ces crédits. La Grèce « ne sera pas en mesure de mener la politique de rigueur nécessaire » et, à la fin, en viendra « à demander une annulation de la dette à l'Allemagne », a-t-il prévenu. Ce à quoi Dominique Strauss Kahn a répliqué hier qu'il n'y avait « pas d'exemple » de crédit du FMI qui n'ait pas été remboursé, ajoutant toutefois que la Grèce ne commencera à rembourser l'aide d'urgence qu'une fois qu'elle sera tirée d'affaire.
http://www.lesechos.fr/info/inter/020506490514-les-besoins-de-financement-de-la-grece-reevalues-a-plus-de-100-milliards-d-euros-sur-trois-ans.htm