La croissance s'est limitée à 0,1 % au premier trimestre, marquant le contrecoup de la fin du plan de relance, indique la première estimation de l'Insee publiée mercredi. Seules les exportations se sont bien tenues, tandis que la consommation a stagné. L'année 2009 s'est soldée par un recul du PIB de 2,6 %, plus important qu'initialement annoncé.
Tandis que la zone euro trouvait mercredi dans la publication des estimations de croissance au premier trimestre quelques motifs de satisfaction (en Italie, au Portugal ou même en Allemagne), les chiffres publiés par l'Insee pour la France ont confirmé qu'une reprise vigoureuse n'était pas à l'ordre du jour. La récession, d'abord, a été un peu plus profonde que prévu. Au lieu du recul de 2,2 % escompté, le produit intérieur brut (PIB) a chuté de 2,6 % l'an dernier (- 2,5 % en données corrigées des jours ouvrables), à 1.907,1 milliards d'euros. « L'activité demeure fin 2009 à un niveau proche de celui observé trois ans auparavant », observe l'Insee. Au-delà de cette révision, qui concerne aussi 2008 (lire ci-contre), le rebond entamé dès le printemps l'an dernier, qui allait s'amplifiant chaque trimestre, a connu un coup d'arrêt au premier trimestre : le PIB n'a crû que de 0,1 % (proche de la prévision à + 0,2 % de l'Insee).
Cette évolution « est similaire à celle de nos voisins sur la même période », a relativisé la ministre de l'Economie (lire pages 6,7 et 8), qui retient surtout que, « en moyenne, l'activité française augmente de 0,3 % par trimestre sur un an ».
De fait, la quasi-stabilité enregistrée au premier trimestre corrige le dynamisme de fin 2009, artificiellement lié à la fin de la prime à la casse à taux plein dans l'automobile. Mais elle montre la fragilité de la reprise : alors que la consommation stagne, l'investissement des entreprises, qui a cédé plus de 12 % depuis début 2008, n'a pas repris. Seules les exportations se sont bien tenues (+ 3,9 % au premier trimestre). Dans une hypothèse optimiste, la France serait donc entrée dans une phase d'inversion de ses moteurs, avec une pause de la consommation liée à un marché de l'emploi à peine convalescent, tandis que le commerce extérieur bénéficierait de la reprise du commerce mondial et de la dépréciation de l'euro, et que l'investissement des entreprises redémarrerait, comme l'anticipent les industriels (lire ci-dessous).
Les entreprises, elles, devraient pousser le dossier du financement de la protection sociale, avec l'objectif d'alléger le coût du travail. Pour « dynamiser l'activité sans mobiliser de fonds publics », l'enjeu est aussi « de lever certains freins réglementaires à la croissance », estime Nicolas Bouzou, économiste d'Asterès. Un sujet pour le deuxième rapport de la commission Attali, attendu au début de l'été et dont certaines propositions avaient été laissées en jachère il y a deux ans.
Zone euro : stagnation de l'activité